Entretien : le recrutement d’un agent en situation de handicap en apprentissage

Dans le cadre du Forum de l’apprentissage organisé par le Centre départemental de gestion, nous avons donné la parole à un apprenti au sein d’une collectivité territoriale, ainsi qu’à son maître d’apprentissage. Car nulle n’est aussi bien placée pour comprendre les ressorts et les spécificités d’un tel contrat dans la fonction publique territoriale.

Monsieur Emmanuel Hude, Maire de la commune de Villenoy a souhaité développer et mettre en avant l’apprentissage au sein de la commune des jeunes et des travailleurs en situation de handicap. Pour mener à bien cet objectif, Lucille MAYTRAUD, Directrice des Ressources Humaines, a pris contact et sollicité l’accompagnement de la mission handicap du CDG 77 pour le recrutement de travailleur en situation de handicap en apprentissage. Un travail collaboratif entre la commune, le Centre départemental de gestion et Cap emploi est engagé depuis 2021, ayant permis le recrutement de Jasna MILIVOJEVIC sur un premier contrat pour préparer le titre professionnel d’agent machiniste propreté, avec qui nous nous sommes entretenus.

Qu’est-ce qui vous a poussée vers l’apprentissage ?

Jasna MILIVOJEVIC : Le contrat d’apprentissage n’était pas un souhait de ma part, mais plutôt de mon employeur, la mairie de Villenoy, qui souhaitait par ce biais s’assurer que je maîtrise les compétences et les connaissances nécessaires au métier d’agent technique. J’ai dans un premier temps effectué une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) de deux semaines sur la commune de Villenoy, avant de réaliser mon alternance. J’ai obtenu à la suite d’une première année le titre professionnel d’agent machiniste propreté. Je poursuis une nouvelle année dans le but d’obtenir un second titre professionnel d’agent entretien et de rénovation en propreté. Et je souhaite poursuivre vers une troisième formation en alternance, plus axée sur le management.

Vous ne regrettez donc pas d’avoir pris cette trajectoire ?

Jasna MILIVOJEVIC : Absolument pas. Il est vrai que j’avais une certaine réticence au départ, mais finalement, et à partir du moment où nous avons établi un emploi du temps fixe (avec une semaine de formation par mois), j’ai vite perçu les avantages que me conféraient l’apprentissage. Alors que j’entamais une reconversion professionnelle, l’alternance m’a permis d’être beaucoup plus sereine au travail, d’avoir plus de recul vis-à-vis de mes nouvelles missions, notamment de coordination et, bientôt, de management. Cette mise en perspective est utile en ce qu’elle m’a menée à plus m’intéresser à mon métier, au lieu de débuter tête baissée et de rester repliée sur ses tâches de manière “mécanique”. De plus, nous avons constitué au sein de ma formation un groupe qui, non seulement apporte de la solidarité et de l’entraide, mais nous permet également de partager nos expériences respectives et donc de progresser de manière transversale.

Nous comprenons à présent les avantages de l’apprentissage pour l’agent, quid pour ses équipes ?

Lucille MAYTRAUD : C’est une démarche entreprise par Monsieur le Maire Emmanuel Hude dès le début de son mandat que de recourir de manière plus conséquente à l’apprentissage dans le processus de recrutement. Nous disposons actuellement de 4 apprentis [pour 77 agents], dont Jasna, répartis dans tous les secteurs (centre social et culturel, administration, technique) et avec des diplômes très divers (du titre professionnel ou CAP au Master). Au sein de nos équipes, nous avons vite perçus ce que l’apprentissage pouvait nous apporter. Pour ne rester que sur le cas de Jasna, nous nous sommes aperçus que sa formation en parallèle n’était pas unilatérale : Jasna apprend, mais elle apprend également aux autres ! Elle rapporte en effet de ses semaines d’enseignement un regard extérieur, avec parfois une remise en question opportune des procédures. La pédagogie n’est plus seulement verticale, mais horizontale !

L’employeur est également gagnant ? Être également maître d’apprentissage n’est-il pas chronophage pour ce dernier ?

Lucille MAYTRAUD : Il faut prendre en considération ici le fait que l’école s’est montrée très flexible avec nous sur la question de l’emploi du temps. Cela a facilité la tâche du maître d’apprentissage qui peut compter sur Jasna aux bons moments. Il s’agit pour notre Cheffe de cabinet de sa première expérience en qualité de maître d’apprentissage ; elle avait, cependant, déjà eu des missions de maître de stage. Et la différence est notable : il est beaucoup plus facile d’accompagner de façon plus optimale un apprenti, plus autonome, dont on peut lisser sur le temps la montée en compétence et la responsabilisation, contrairement à un stagiaire qu’on doit souvent initier et appuyer sur un terme plus court.

Connaissiez-vous la fonction publique territoriale avant de travailler pour la commune de Villenoy ?

Jasna MILIVOJEVIC : Il s’agit de ma première expérience au sein de la fonction publique, et en l’occurrence je n’avais pas d’à priori spécifique, si ce n’est peut-être celui d’un monde très bureaucratique. J’ai finalement découvert à cette occasion un cadre de bienveillance et des personnes très à l’écoute qui sont loin d’être cloisonnés dans des guichets ou devant leurs écrans. Je me sens en tout cas pleinement intégrée et investie au sein de la collectivité.

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